Et pourquoi ne pas en rire ? [PV.Ezio]

Allez sourit ma grande ! Après tout ce n'était pas la fin du monde. Certes, ce n'était pas vraiment ce que j'espérais de ma vie. Je ne voyais pas amenée dans cet endroit pour les actes que j'avais pu commettres dans le passé. Etais-je une mauvaise personne ? Peut-être bien ... Mais étrangement, cela m'allait bien. Même si j'étais dictée par mon père, cela me convenait parfaitement. J'avais une vie. Et maintenant ? Je ne sais plus très bien où j'en étais, là assise face à l'océan. Je soupirais et soupirais encore. Bien sûr, je savais pourquoi je me retrouvais dans cette situation, j'avais juste été stupide à laisser trainer mon ADN là où il ne fallait pas. A partir de maintenant, je vérifierai toujours derrière moi, et tant pis si cela me prend deux heures. Mais je ne peux plus me permettre de faire la moindre erreur.  
Un nouveau soupire face à cette étendue bleu, canette de bière entre les mains, encore fraiche mais pour très peu de temps. Je n'avais pas pris longtemps à partir de ma nouvelle chambre. J'y étais peut-être restée une dizaine de minutes, histoire de faire le tour du propriétaire mais ne prenant même pas la peine de vider ma valise. Combien de temps j'allais rester dans cet endroit ? Aucune idée, le juge n'avait donné aucune limite de date. D'après ce qu'il avait dit, je devrais rester ici autant de temps qu'il me faudrait pour évoluer. Cela m'avait bien faire rire, il avait parlé comme si j'étais un pokemon qui devait gagner des niveaux pour changer de forme et être ainsi plus forte ...

Cela faisait maintenant un bon moment que je me retrouvai avec les fesses dans le sable. J'avais vu plusieurs passants, sans vraiment y faire attention. Garçon, fille, enfant ou autre, cela m'importait peu. Pour le moment j'étais ailleurs. Loin de cette ville, peut-être étais-je retournée dans mon pays natale. Il est vrai qu'il me manquait. Cela faisait depuis déjà plusieurs mois que j'étais arrivée en France. A la base, je ne devais y rester qu'une semaine ou deux. Mais maintenant, difficile à dire pendant combien de temps j'allais y rester : quelques mois ? Quelques années ?
Je voyais le soleil se coucher, déjà. Cela voulait donc dire que j'étais assise là depuis facilement deux ou trois heures. C'était bien la première fois que je restais fixe aussi longtemps. Moi qui d'habitude ne tient pas à place, me voila scotchée devant un soleil couchant face à la mer. So romantic ... Il était peut-être temps que je rentre dans mon bungalow. Oui peut-être, mais je n'en avais aucune envie. Je voulais simplement rester là, réfléchissant ou plutôt me laissant porter par mes pensées, pour une fois.

Ma bière n'était plus vraiment fraiche, alors que le temps, lui, commençait à l'être. J'aurais peut-être dû prévoir une veste un peu plus chaude. Enfin, comment aurais-je pu deviner que je resterais aussi tard.
Non, stop ! Il fallait que j'arrête avec mes pensées démotivantes. Il fallait que je me reprenne ! Certes, ce n'était pas la joie de se faire enfermer dans cette ville. Mais sérieux, j'aurais pu avoir pire comme jugement. J'aurais pu très bien finir enfermée dans une prison pour femme, ici en France, voir même me faire rapatrier en Chine et là cela aurait été encore plus catastrophique car mon père aurait été mêlé à toute cette histoire. Oui, au final ce n'est pas si mal. La preuve, je pouvais être presque libre de faire ce que je voulais. Quel prisonnier peut avoir la chance de contempler un tel paysage dans sa cellule ?
Je commençai à rire, un rire plutôt nerveux, mais qui exprimait très bien mon soulagement. Mais pas seulement. Je me félicitais également d'avoir réussi à faire en sorte d'être accusée seulement pour complicité de meurtre. Parfois, il est bon de se lancer des fleurs. Je n'arrivais plus à me contenir, j'en avais presque les larmes aux yeux ...

Je devais paraître d'une débilité dans sans nom à rire ainsi dans mon coin. Dans mon fou rire, j'avais pu voir quelques personnes passaient moi, d'un air interloqué. Ils devaient certainement me prendre pour une folle. Qu'ils me prennent pour ce qu'ils veulent, tant que cela ne soit pas trop dégradent. Allez, il fallait tout de même se calmer, essayer de retrouver son esprit parti je ne savais trop où. Je repris une longue bouffée d'air frais avant de respirer longuement. Autant vous dire que cela n'était pas vraiment évident, j'avais tellement ri que j'avais réussi à me faire un point de côté. Je repris ainsi mon souffle plusieurs fois d’affilée, arrivant poser convenablement ma respiration avant qu'elle ne se saccade de trop et que je sois obligée d'utiliser ma ventoline. Voila, j'avais repris un air plus sérieux, enfin, sérieux est un bien grand mot. J'avais toujours un sourire esquissé sur mon visage. A ce moment, je crois qu'il était encore difficile pour moi de le faire partir.
Je fermais doucement les yeux, voulant profiter un maximum des dernières chaleurs de ce soleil plongeant dans la mer. Cela était agréable, même si je commençais à frissonner. Mais cela m'importait peu. La pensée de rentrer me trottait encore dans la tête. Je conçois que cela ne serait pas très sérieux de ma part de rentrer avant le couvre feu dès mon premier jour ... Autant dire vrai, je m'en fichais pas mal. Et puis je trouverais bien une excuse si je me ferais choper après le couvre feu. Et quoi ? Je ne savais pas pour le moment, mais je trouverais un truc, du genre, je me suis perdue dans la ville. Oui, voila, cette excuse pourrait bien tenir la route. Adjugé, vendu ! J'avais mon excuse. Et pour fêter cela, je bus une longue gorgée de ma boisson, que je recrachai aussitôt. Y a pas à dire, la bière chaude, c'est dégueulasse !

Puis, il arriva. Qui donc ? Ce grand brun bien bâti. Je l'avais entendu arriver, même si au départ, je n'y avais prêté aucune attention. Je pensais simplement qu'il s'agissait d'un vulgaire passant. Je l'avais également senti avant de le voir. L'odeur de la cigarette, j'ai beau fumer de temps en temps, je reste tout de même asthmatique, et donc, je suis assez sensible à ce genre d'odeur. Mais ce ne fut qu'une fois devant moi, stoppant ainsi la chaleur arrivant son visage, que je le vis. Il paraissait grand debout alors que moi j'étais assise. Avec la lumière dans son dos, je ne voyais pas très bien son visage, bien que je pouvais tout de même remarquer qu'il n'était pas rasé. En conclusion, il devait avoir minimum mon âge.
En tout cas, je pouvais tout de suite dire que ce garçon était direct. Qu'est-ce qui me faisait dire cela ? Tout simplement le fait de me demander s'il pouvait se joindre à moi et en plus il avait de quoi boire. Non, mais c'était quoi ce plan drague foireux ?! Mais je n'allais pas dire non, au moins j'aurais un peu de compagnie, sur quoi je ne dis jamais non, et encore moins quand y a de la boisson.

-Vas-y assis toi mon grand. Et si ta bière est fraiche, tu es encore plus le bienvenu. La mienne a malheureusement chauffé au soleil et dieux sait que c'est dégueux. Déjà que c'est pas top les bières françaises ...

Non, vous ne rêvez pas. Voila que maintenant j'étais familière avec un inconnu. A croire que cette île me faisait perdre mon savoir vivre. A vrai dire, non je ne crois pas. Juste que je n'avais pas envie de faire le moindre effort. On m'avait déjà amené ici de force. Alors faire preuve de bonnes conduites aujourd'hui, c'était trop me demander. On me prive de mon El Dorado, moi je dis f*ck ! Ou du moins, je le dis plus rapidement qu'à l'ordinaire. Après tout, je n'allais pas jouer les chieuses avec ce jeune homme, sinon j'allais tout de suite le faire fuir. Enfin, je dis ça alors que je venais de descendre les bières françaises. Il fallait maintenant espérer que lui même n'en soit pas un. Autrement, il faudrait vite que je me rattrape ...

-Au fait, moi Lan. Et tu es ?