On va acheter des bonbons !!!! ♥ [With Aria]

Bon okay, calme-toi Aria, ce n’est pas parce que Winnie est en avance qu’il va se passer quelque chose. Putain, je le sens mal, vraiment mal. A chaque fois qu’elle est seule, il lui arrive des mésaventures, et je sens que cette fois encore, ça ne va pas louper. Vite, dépêche-toi de te préparer Aria et court rejoindre Winnie ! Mais qu’est-ce que je mets moi ? Regardant dans ma penderie un bref instant, je décide de prendre les premiers vêtements qui viennent : slim noir troué, un sweat à capuche et une paire de vans qui s’accorde avec mon haut. Ça aurait très bien pu être une robe, une jupe ou un short, j’aurai enfilé n’importe quoi.

Le portable une fois en poche, les sous dans une autre, je me tape un sprint jusqu’au lieu de rendez-vous que m’a donné Winnie. Puis une fois arrivée là-bas, essoufflée, je me rends compte qu’elle n’est pas là. Putain, mais c’est quoi ce foutage de gueule ?! Elle est passée où encore ?! Je cherche tout de même un moment dans la jardinière, mais aucune trace du petit hérisson. Réfléchit Aria, où pourrait bien être Winnie ? Je ferme les yeux un moment, cherchant toutes les possibilités, mais il y a en a tellement que ça risque de me prendre un temps fou à trouver la rouquine. Il faut que j’en élimine un maximum et que je garde celles qui sont plus probables que les autres.

-Bonjour mademoiselle.

Mes yeux s’ouvrent automatiquement pour découvrir le visage qui appartient à cette voix. Un mec, plus âgé que moi venait de m’adresser la parole. Je soupire avant de répondre d’un ton blasé.

-J’ai pas de temps à perdre avec toi alors hors de ma vue.

J’entends un groupe de mecs rigoler un peu plus loin. Ses potes sûrement, tous des abrutis. Bon, j’en étais où dans ma recherche avec Winnie….

-Non mais ne t’en fait pas, tu vas prendre ton pied avec moi, je t’assure…

Un regard glacial en sa direction, je déteste ce genre de type.

-Ecoute moi bien, soit du dégage, soit je broie ce qui te sert de cerveau entre tes jambes.

Je ne rigolais pas du tout, il le savait, ça se voyait dans mon regard. Et il ne tarda pas à retourner vers son groupe de potes en murmurant une phrase de trop…

-Tsss, pourquoi l’autre il y a réussi avec la petite rouquine et que moi je ne suis pas fichue de tirer mon coup avec cette blondasse ? Il m’énerve !

-Une petite rouquine ? Où sont-ils partis ?

-Et pourquoi je te le dirais ?

Il avait un sourire que je n’appréciais pas. Il voulait une contrepartie en échange de la réponse que j’attendais. C’est le monde d’aujourd’hui ça, on ne fait jamais rien sans rien. Seulement, ce qu’il attend, il ne l’aura jamais. Je me rapproche de lui lentement, pour lui foutre une droite dans le ventre, lui coupant la respiration un instant. Instant dont je profite pour le faire tomber au sol, le pied posé entre ses jambes.

-Okay, bon alors là, soit je te laisse partir tranquillement en échange de la réponse à ma question. Soit, tu repars incapable de faire des bébés, à toi de voir.

Je n’attendis pas longtemps avant qu’il me réponde et qu’il me raconte tout ce qu’il savait. Un  magasin de bonbon, le plus gros sucre d’orge ?! L’heure est grave, je le sais très bien. Si je ne me dépêche pas…Rien que d’y penser, ça me met les nerfs à vif. Si je retrouve ce gars, je ne donne pas cher de lui… Je cours, encore et encore, suivant la direction que m’a indiqué l’autre merde, je suis essoufflée mais je m’en fous, je la trouverai coûte que coûte ! Je demande à tous les passants que je peux croiser s’ils ont vu une rouquine accompagné d’un gars plus grand qu’elle. Et au bout de quelques minutes, me voilà au coin de la station, courant comme le début de la journée, jusqu’à entendre une voix qui me stoppa net.

- Y'a pas de magasin, mais mon gros sucre d'orge va te faire passer l'envie du sucre, crois moi...

M’avançant doucement vers la voix, je peux désormais distinguer deux silhouettes. Continuant mes pas, les deux silhouettes apparaissent un peu plus et l’image que j’aperçu fit revenir la meurtrière à la surface. Je ne dis rien, mon regard était vide, effrayant, glacial, fixant ce mec qui osait s’en prendre à Winnie. Le jeune ne tarda pas à remarquer ma présence d’ailleurs, et c’est avec le sourire qu’il ouvrit son clapet.

-Qu’est-ce qui ne va pas ma jolie ? Tu veux aussi découvrir mon gros sucre d’orge ?

« Je vais le tuer.», je ne cessai de me répéter cette même phrase dans la tête, encore et encore. Je sens la violence, la colère, la haine m’envahir. Cette sensation, je ne l’ai pas ressenti depuis un bail, elle m’était presque devenue inconnue. Je lance un bref regard à Winnie.

-Le monde n’est pas tout rose, il serait temps que tu te mettes ça en tête…Mais pour le moment, je te demande de fermer les yeux et de les rouvrir que lorsque je te le dirais.

Ma voix était aussi froide que mon regard. Je ne veux pas qu’elle voit la prochaine scène. Je sais qu’elle doit être plus méfiante avec le monde qui l’entoure, mais je n’ai pas envie que son innocence s’envole de ci-tôt. Dans cet internat, l’innocence est devenue rare, Winnie est donc une perle rare ici. Un léger sourire arrive à se lire sur mon visage qui paraissait si froid. Tu me causes bien des problèmes Winnie, mais tu arrives tout de même à me faire sourire, même dans cette situation.

Un premier coup de poing dans le nez du gars. Pris complétement par surprise, il lâche Winnie, posant directement ses mains sur son nez qui commençait à saigner. Tsss, c’est pathétique. Je relance un coup de poing sur ses mains qui protégeaient son nez, entendant un léger craquement. Il crie et moi je reste de marbre face à ses réactions, continuant de donner des coups dans son nez, esquivant les coups qu’il essaye de me donner. Le déséquilibrant en lui donnant une bonne droite dans les couilles, le voilà à genoux devant moi. Lui attrapant les deux bras, mon pied sur son dos, je tire sur ses deux membres, tout en les montant en direction du ciel jusqu’à entendre un crac, signalant un déboitement. Il ne peut plus utiliser ses poings contre moi. Un coup de genou dans la colonne vertébrale, le voilà au sol, me suppliant d’arrêter. Je ne dis rien, m’accroupissant seulement devant lui, le tirant par les cheveux pour le forcer à me regarder.

-A….arrête….

Je reste muette, le regardant droit dans les yeux. « Je vais le tuer »…toujours cette phrase dans la tête. Le mec n’osait pas regarder mon prochain geste, préférant fermer les yeux et prier le bon dieu. Dieu n’existe pas, ou dans tous les cas, il ne lui sera d’aucune utilité aujourd’hui. J’abats à grande vitesse la tête du type sur le sol. Il ne parle plus, il ne bouge plus. Je me relève, tirant le déchet jusqu’à un bus, arrêté à la station, sans personne à bord. Pourtant la porte est ouverte, étrange… Le  lieu parfait pour laisser reposer ce corps en paix. Le corps, une fois installé dans le bus, je ressors, la trousse à pharmacie du véhicule dans la main, attrape un bout de bois qui traine au sol, sortant un mouchoir d’une de mes poches, je mets le feu sur ce dernier pour l’introduire dans le réservoir d’essence. Sauve qui peut ! Le bruit d’une explosion retentie au loin alors que je reviens vers Winnie qui m’attendait toujours les yeux fermés.

-Tu peux rouvrir tes yeux, p’tit hérisson.

Mon sourire avait retrouvé sa place sur mes lèvres. Je faisais genre de rien, alors que mes mains portaient les marques du précédent combat. Je sors de l’alcool à 90 de la trousse à pharmacie. Enlevant le pull avec lequel j’étais vêtue, j’essuie mes mains sur mon vêtement pour enlever le sang, puis je l’imbibe de l’alcool, en renversant aussi sur les traces de sang au sol, puis allumant une nouvelle fois mon briquet, je mets le feu  à tout ça. Plongeant mon regard dans les flammes qui commençaient à dominer le lieu, je pris Winnie par la main, l’emmenant loin d’ici, le plus vite possible, le sourire aux lèvres.

-Allons acheter des bonbons maintenant !

J’avais encore tué. Une nouvelle vie venait de s’éteindre et moi dans ma tête, c’était juste un con en moins sur cette terre. Il a voulu profiter de l’innocence et la gentillesse Winnie, je me suis assurée qu’il ne le refera plus. On ne touche pas aux personnes que je porte dans mon cœur, un point c’est tout. Les gens disent que l’on apprend de nos erreurs, mais moi, je ne laisserai personne faire du mal à mes amis, cette erreur sera la dernière commise et l’apprentissage se fera au ciel ou à 6 pieds sous terre. Beaucoup de gens ne comprendront pas ma façon de penser, j’en suis consciente, mais chacun sa logique.

- Ouiiiiii !!!! N'empêche… il m'a eue à cause de son histoire de sucre d'orge géant mais t'as vu ? J'ai pas suivi les papillons ! J'étais sagement en train de t'attendre, promis !!

Son innocence me fait rire, je saisie sa petite main pour la conduire à la boutique de bonbons du village. Mine de rien, même si Kyrie est petit, la boutique de bonbons est loin de l’être. A l’intérieur était présent chaque goût, chaque aspect et marque de ces cochonneries sucrées. Tout pour plaire à Winnie quoi. Sortant de ma poche un billet de 50€, je lui dis le sourire aux lèvres.

-Tiens, prends ce que tu veux, c’est moi qui offre !

En réalité, ce n’était pas vraiment mon argent que je venais de lui donner. C’est un billet d’un vieux ronchon de bourge, que j’avais dérobé le jour précédent. Bah oui, le p’tit hérisson m’avait prévenue la veille, qu’elle comptait faire ce fameux magasins aux gâteries sucrées, alors j’avais prévu le coup. Avec 50€, elle avait de quoi faire et se remplir la panse. Et puis, j’aimais bien lui faire plaisir, chacun de ses sourires me rendait heureuse. Ce n’est pas si mal qu’elle soit innocente en fin de compte, ça change de toutes les brutes de l’internat. Tous ces gens qui s’amuse à faire du mal à autrui ou qui ont les mains salies par plusieurs meurtres. Depuis que je suis arrivée à Kyrie, les personnes dans le genre de Winnie, étaient rares, voire inexistantes. Une petite tape sur sa tête, je lui fis sur un ton amical.

-Je te crois pour les papillons et sur le fait que tu m’attendais sagement. Si ce gars n’était pas venu, tu aurais pu manger tes bonbons plus tôt. Mais bon, je suis fière de toi quand même ! Et puis, la prochaine fois, fais plus attention aux personnes qui viennent t’accoster. Quand je te dis de m’attendre, tu ne pars avec personne tant que je ne suis pas là, d’accord ?

Je ne l’engueulais pas, je la mettais juste en garde pour les fois à venir. Partir avec un mec qui lui propose « le plus gros sucre du monde », la suite des évènements était totalement prévisible. Mais dans la tête de Winnie, tout le monde à l’air gentil et plein de bonnes intentions, un peu comme le monde des bisounours. Mais la réalité est tout autre, alors j’essaye de la mettre en garde sans trop brusquer son innocence. Si je pouvais, je la surveillerai 24h/24h pour éviter qu’elle ne se fasse embarquer dans ce genre d’histoire encore une fois…mais elle doit apprendre d’elle-même. Je lâche un soupir avant de sortir de la boutique, laissant la rouquine choisir ce qu’elle désirait. Sortant mon paquet de clopes de ma poche, je commence à m’en griller une, tirant une première fois dessus, calmement. La douce atmosphère étai de courte durée, un mec vient m’aborder pour me demander si par hasard, je n’avais pas de clope sur moi.

-Non mais t’es con ou tu le fais exprès ?! Si j’ai une clope dans la bouche, c’est que forcément j’en ai !

Je sors alors, une nouvelle fois le paquet de ma poche. Il est plein, je lui montre, puis je le range, le regardant droit dans les yeux.

-Oui j’en ai, mais pas pour toi. Alors casse-toi !

Putain mais ça m’énerve ce genre de type ! Je ne le connais même pas, et il vient me raquetter des clopes en mode « on se connait depuis un bail ». Il a de la chance que la nicotine m’apaise, car je lui aurais foutu un coup de boule pour lui montrer qu’on n’est pas copain. Il se barre s’en insister et heureusement pour lui. J’ai déjà tué un mec aujourd’hui, alors un de plus ou un de moins… Ses potes se foutent de sa gueule après ma réplique. Très bien, au moins il y en a qui s’amusent ici.

Après quelques bonnes longues minutes, le petit hérisson sort enfin de l’immense boutique de bonbons. La petite rouquine fait un bref coucou au type qui venait de m’accoster il y a peu. Je soupire en voyant le geste de politesse de la petite, ce que je viens de lui dire juste avant est passé dans une oreille et est ressorti de l’autre. Bon allez, je ne dirais rien cette fois puisqu’elle est près de moi et non pas à courir je ne sais où. Malgré mon récent soupire, je ne peux m’empêcher de sourire en voyant la tête qu’elle tire lorsqu’elle me présente ses gros sacs de bonbons. Okay, je n’attends pas à retrouver une quelconque petite pièce de monnaie dans ma poche. Je ne sais pas combien elle a dépensé pour toutes ces cochonneries sucrées, mais mon billet de 50€ est largement passé dans ses achats. Un petit rire sort d’entre mes lèvres en apercevant les bonbons débordés de ses poches. Elle n’a pas pu s’empêcher d’en voler…C’est vraiment une pro pour le vol, elle ne s’est même pas fait prendre par le vendeur, chapeau !

- Tiens ! C'est trop bon ! Et t'as vu tout ce que j'ai acheté ?

Je saisie le bonbon qu’elle me tend gentiment puis je le mets dans ma bouche pour savourer le goût sucré de ce dernier. Je ne suis pas trop fan de bonbon, mais ça fait plaisir d’en manger de temps en temps.

- Et il reste plein de sous encore, on va manger des pâtisseries ?

Comme ça il restait encore des sous, très bien. Elle veut les dépenser dans tes pâtisseries ? Pourquoi pas.

-Si tu veux, mais fait gaffe, à force de manger que du sucré, tu vas avoir du diabète ! Dis-je en rigolant.

- Et tu t'es fais des amis j'ai vu ? Ils sont gentils ? Ils veulent des bonbons ?

Cette petite est une pile sur pattes mon dieu ! La tête que tirent les mecs est épique après l’écoute de la question du p’tit hérisson. Je rigole un instant avant de tirer les joues de Winnie.

-Combien de fois je vais te dire de ne pas parler aux inconnus ? Ce ne sont pas mes amis, alors garde tes bonbons ! Analyse un peu plus la situation avant de faire des conclusions hâtives ! Quand te mettras-tu dans le crâne que les gens ne sont pas tous tes amis ?

Je termine par une petite pichenette sur son front avant de saisir la main de la rouquine pour l’emmener vers une boulangerie. Cette fois, j’entre dans le bâtiment avec elle. J’en ai marre de me faire accoster par n’importe quel idiot dans la rue alors je préfère venir avec elle.

-Bonjour mesdemoiselles, que puis-je pour vous ?

-Bonjour, je ne sais pas trop, tu veux acheter quoi Winnie ?

Les pâtisseries choisies, nous nous asseyons à une table non loin de la boulangerie, en plein air, puis je laisse Winnie déballer ses gâteries, regardant le ciel qui commençait à se couvrir.

-Il ne va pas falloir tarder petit hérisson, il ne va pas tarder à pleuvoir…

Je ne sais pas pourquoi, mais je me remets soudainement à repenser à tous ce qui c'était passé aujourd'hui. Prenant un air sérieux, je plonge mon regard dans celui de la rouquine.

-Tu sais, je ne serais pas toujours à tes côtés, alors fais plus attention à toi... Si un jour tu es dans une situation déplorable, n'hésite pas à m'appeler. Et puis si je ne suis plus là, tu devras trouver des gens sur qui compter qui viendront t'aider quoi qu'il arrive.

Tout peut arriver ici. Je suis là aujourd'hui, mais peut-être que demain je ne serais plus...